"Recherche FACE : Formation Avec - Caractéristiques et Effets (2020)".
« Effets et impacts de la mixité. Maison intergénérationnelle » - Recherche-action pour l'association Habitat et Humanisme Ile-de-France (2018-2020)
La recherche-action est menée avec les personnes concernées par un programme de logement social : une « Maison intergénérationnelle » située dans une commune d’Ile-de-France. Cette Maison rassemble une pension de famille – ou « maison-relais », dispositif de logement destiné à des personnes considérées comme en grande exclusion – et des logements sociaux classiques. La Maison intergénérationnelle se situe dans le contexte de nouveaux projets d’habitat « inclusifs » ou « solidaires », qui se situent à l’intersection du logement et du social, souhaitent répondre conjointement à plusieurs problèmes comme l’isolement des personnes âgées et les difficultés de logement des étudiants, et qui accordent une place centrale au lien social. Elle vise à permettre l’accès au logement, provisoire ou pérenne, à des publics divers qui connaissent des difficultés pour y accéder. Elle met en œuvre un ensemble de moyens au service de la « mixité » et du « vivre-ensemble », notamment la mutualisation d’une partie des moyens de la pension de famille (équipe dédiée, espaces et animation collectifs), un accompagnement individuel et social par des travailleurs sociaux et des bénévoles.
La recherche-action investigue ce questionnement principal : dans quelle mesure le collectif de vie contribue-t-il à l’autonomie et à l’individuation des résidents ? Nous abordons l’autonomie comme liberté et capacité de l’individu à faire ses propres choix et à s’autodéterminer, mais aussi comme liberté pour des personnes de choisir leurs interdépendances. Si la mixité, dans la Maison, porte sur des critères divers et poursuit des objectifs d’entraide et de soutien à l’autonomie, on souhaite interroger ses effets sans négliger la diversité des dynamiques qu’elle peut produire, tels que le renforcement des stéréotypes, les conduites de retrait et d’isolement. Plusieurs dimensions sont investiguées : les solidarités concrètes mises en œuvre au quotidien par les résidents, la manière dont ceux-ci s’appuient sur ces solidarités pour développer leur autonomie, les types de relations instaurées entre salariés, bénévoles, résidents et locataires. Nous interrogeons ainsi les effets de la mixité, en faisant l’hypothèse qu’ils peuvent soutenir l’autonomie individuelle mais aussi collective, produire des effets d’émancipation mais aussi d’enfermement, et chercherons à saisir à quelles conditions.
La recherche-action, d’une durée de trois ans, combine enquête par entretiens et mise en œuvre d’un processus d’analyse partagée avec les locataires des logements sociaux, les résidents de la pension de famille, les professionnels et les bénévoles intervenant dans la Maison, afin de contribuer à l’évaluation participative, qualitative et « chemin faisant » de l’expérimentation sociale.
La recherche-action est réalisée par Philippe Chevetzoff (chercheur en psychosociologie, formateur au centre de formation Saint Honoré), Anne Petiau (sociologue, responsable du CERA et chercheure associée au laboratoire LISE UMR CNAM/CNRS), qui en assure également la responsabilité scientifique, et un « groupe de réflexion et d’analyse » composé de résidents, locataires, salariés et bénévoles de la Maison intergénérationnelle, en cours de constitution.